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Lettre de la Lise

6 mai 2009

Sommaire.

Bienvenue à vous, chevaliers intrépides qui ont eu le courage d'entrer dans l'Antre de la Lise...

Mais, me dîtes vous, qui est donc cette Lise qui s'adresse ici à vous? Et bien c'est moi même, une jeune étudiante de 21 ans, passionnée de littérature et de cinéma qui a décidé d'ouvrir un blog pour vous faire partager ses coups de cœurs littéraires et cinématographiques. Vous trouverez également dans ce blog quelques textes et poèmes que j'ai écrit et à propos desquels vous pourrez me donner votre avis...

J'espère que vous passerez un agréable moment dans mon humble demeure! Ce message d'accueil vous permet de voir tous les articles que j'ai publiés jusqu'à ce jour. Il vous suffit ensuite de cliquer sur le titre de l'article qui vous intéresse pour pouvoir le lire. Et oui, c'est beau le progrès... ^^ J’en profite aussi pour vous annoncer quels articles sont en cours d’écriture. Et évidemment, je mettrais régulièrement à jour cet article pour vous tenir toujours au courant de l’avancée de ce blog ^^.
Donc, on y va !

Rubrique "Au fil de la plume":
      04/01/2009 : L’eau et le feu

Rubrique "Bric à brac" :
      26/01/2009 : Exposition Picasso et les maîtres

      20/04/2009 : Joyeux anniversaire à moi même :-p

      05/05/2009 : Questionnaire de Proust.

Rubrique "Le cinéma c'est l'écriture moderne dont l'encre est la lumière":

      11/01/2009 : The Unknown  partie I
      12/01/2009 : The Unknown partie II
      13/01/2009 : Edward aux mains d’argent
      15/01/2009 : Le Labyrinthe de Pan
      17/01/2009 : Le Labyrinthe de Pan, analyse plus poussée
      18/01/2009 : Bienvenue à Gattaca
      19/01/2009 : Two lovers

      14/02/2009 : African Queen

      31/03/2009 : Ne touchez pas la hache

      03/04/2009 : Harvey Milk

      10/04/2009 : Ponyo sur la falaise

      25/04/2009 : Little Miss Sunshine/Juno

 

Rubrique "Lire nous aide à vivre":

     23/01/2009 : Hubert Selby Junior
     29/01/2009 : Lettre d'une inconnue
     25/02/2009 : Le démon
     01/03/2009 : Le Saule 
     15/03/2009 : Salon du livre
     20/03/2009 : Mes premiers livres

Rubrique "Spectacles":
    14/01/2009 : Edward aux mains d’argent, le ballet


Rubrique "Du livre au film":

    31/01/2009 : Cinéma et littérature, deux arts aux ressorts très différents
    07/02/2009 : Requiem for a dream

    09/03/2009 : Jules et Jim

    23/03/2009 : Charlie et la chocolaterie

    09/04/2009 : Bram Stoker's Dracula, Francis Ford Coppola

 

Je profite de cet article pour préciser que le nom de ma rubrique "Le cinéma est l'écriture moderne dont l'encre est la lumière" est tiré de Cocteau.
Et si vous aimeriez que je parle d’un film ou d'un livre en particulier, faites le moi savoir en postant un commentaire sur cet article. Il est possible que je réponde à votre demande si le livre ou le film qui vous intéresse m’intéresse aussi :-p. Et si vous avez des critiques ou des suggestions à me faire, n'hésitez pas non plus! Ça m'aidera à améliorer mon blog. Sur ce, à plus tard !

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5 mai 2009

Questionnaire de Proust

Une fois n'est pas coutume, voici un post qui n'a rien à voir avec le cinéma et la littérature. J'ai aujourd'hui décidé de me soumettre au fameux Questionnaire de Proust. Mais d'abord, retour sur la fabuleuse histoire de ce questionnaire. A la fin du XIXème siècle, le jeune Marcel Proust découvre dans un album en anglais d'Antoinette Faure un test de personnalité. Amusé par ce questionnaire, il décide de le traduire librement en français: il supprime certaines questions, en rajoute d'autres... Et à maintes reprises, il répond lui même à ce test avec beaucoup d'esprit. Voilà donc mes réponses:

Klimt_Lebaise1)Ma vertu préférée: La générosité

2)Le principal trait de mon caractère: Je suis très cérébrale.

3)La qualité que je préfère chez les hommes: La gentillesse.

4)La qualité que je préfère chez les femmes: La simplicité.

5)Mon principal défaut: Je suis trop bavarde -_-.

6)Ma principale qualité: La diplomatie.

7)Ce que j'apprécie le plus chez mes amis: Qu'il soient à mes côtés quand je ne vais pas bien.

8)Mon occupation préférée: La lecture.

9)Mon rêve de bonheur: Être en bonne santé, mariée avec deux enfants, avoir une vie tranquille et agréable, avoir un travail qui me passionne et gagner assez d'argent pour être à l'abri du besoin.

10)Quel serait mon plus grand malheur? Attraper une maladie incurable.

11)A part moi -même qui voudrais-je être ? Personne d'autre: c'est à moi de tout faire pour être la personne que je désire être.

12)Où aimerais-je vivre ? Près de Paris, dans un endroit calme mais animé.

13)La couleur que je préfère: le rose, le violet, le bleu et le marron.

14)La fleur que j'aime: la rose à cause de tout ce qu'elle représente.

vs8y1lfd15)L'oiseau que je préfère: Le phénix qui renait toujours de ses cendres. Et mon animal préféré est la licorne.

16)Mes auteurs favoris en prose: Hubert Selby, Marguerite Duras, Stefan Zweig, Balzac, Philip K. Dick.

17)Mes poètes préférés: Je lis trop peu de poésie pour pouvoir répondre. L'Amant de Marguerite Duras, c'est de la poésie pour moi.

18)Mes héros dans la fiction: Tristan et Iseult, Dracula.

19)Mes héroïnes favorites dans la fiction: Thérèse Desqueyroux, Lol V. Stein.

20)Mes compositeurs préférés: Tchaïkovsky.

21)Mes peintres préférés: Chagal, Klimt.

22)Mes héros dans la vie réelle: Hubert Selby.

23)Mes héroïnes dans la vie réelle: Je ne sais pas.

ludwig_01_37024)Mes héros dans l'histoire: Louis II de Bavière.

25)Ma nourriture et boisson préférée: J'adore les macarons, les calissons d'Aix et le miel. Niveau boisson, je ne sais pas.

26)Ce que je déteste par-dessus tout: L'hypocrisie et l'indifférence.

27)Le personnage historique que je n'aime pas: Hitler

28)Les faits historiques que je méprise le plus: Les guerres.

29)Le fait militaire que j'estime le plus: Aucun même si je pense qu'il faut beaucoup de courage pour être soldat...

30)La réforme que j'estime le plus: Je ne sais pas.

31)Le don de la nature que je voudrais avoir: Le talent ^^.

32)Comment j'aimerais mourir: Sans souffrir et de préférence pas tout de suite.

33)L'état présent de mon esprit: Je suis contente d'avoir presque fini ce test.

34)La faute qui m'inspire le plus d'indulgence: La maladresse et l'étourderie.

35)Ma devise: "Ne rien faire dont je puisse ensuite avoir honte", "Rester fidèle à moi même".

25 avril 2009

Little Miss Sunshine/Juno

Musique: ici puis .

juno_poster2_big

Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler des deux dernières "perles" du cinéma indépendant américain: Little Miss Sunshine et Juno. Little Miss Sunshine est le premier film des réalisateurs Jonathan Dayton et Valérie Faris. Pendant cinq ans, ces deux cinéastes se battent pour trouver l'argent nécessaire au financement de leur film. Et pourtant, dès sa sortie en 2006, ce petit film fait un tabac! Il engrange 110 millions de dollars au box office, un record pour un film indépendant! Les récompenses pleuvent: 2 oscars (meilleur acteur dans un second rôle pour Alan Arkin et meilleur scénario original), un césar du meilleur film étranger le grand prix du jury au festival de Deauville... L'année suivante, Juno semble réitérer le triomphe de Little Miss Sunshine. Ce petit film indépendant remporte, lui aussi, un immense succès critique et publique. Une nouvelle fois, une pluie de récompenses vient en couronner la réussite: un oscar (à nouveau celui du meilleur scénario original),trois "Film Independent's Spirit Awards" (meilleur actrice pour Ellen Page, meilleur film et meilleur scénario original)...Cette trajectoire identique m'a donné envie de comparer ces deux films que j'ai beaucoup aimé.

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Synopsis: Dans Little Miss Sunshine, une famille (le père (Richard), la mère (Sheryl), le fils, (Dwayne) la fille, (Olive) l'oncle (Frank) et le grand-père) traverse l'Amérique afin de se rendre au concours de "Little Miss Sunshine" auquel doit participer Olive. L'héroïne éponyme de Juno tombe enceinte à l'âge de 16 ans. Dans un cas comme dans l'autre, l'histoire ne semble pas briller par son originalité. Pourtant, Juno traite avec beaucoup de finesse et d'humour un sujet difficile (la grossesse précoce) tout en refusant les stéréotypes.  Et Little Miss Sunshine est une comédie aigre douce qui sonne incroyablement juste. Pour ma part, cette virée familiale m'a rappelé les longs voyages en voiture effectué avec ma famille et leurs conséquences sur chacun d'entre nous: la fatigue après des heures de routes, les disputes inévitables dans un petit espace...

 

Personnages et interprétations des acteurs: Little Miss Sunshine offre un panel de personnages atypiques: un adolescent qui a fait vœu de silence, un grand-père qui se drogue et lit des magazines pornos... Bref, la famillelittle_miss_sunshine_2006_diaporama_portrait que nous présente Little Miss Sunshine s'éloigne des stéréotypes habituels. Elle est tantôt comique, tantôt émouvante. Les acteurs sont tous impeccables: Alan Arkin (qui joue le grand-père) a reçu l'oscar du meilleur acteur dans un second rôle, mais les autres acteurs ne sont pas en reste. Pour ma part, j'ai surtout été impressionné par la performance de la petite Abigail Breslin, absolument craquante dans le rôle d'Olive (comme vous pouvez le voir sur la photo).

Juno aussi offre des personnages originaux. Juno (Ellen Page) est débrouillarde (elle trouve seule un jeune couple prêt à adopter son enfant), mature et surtout elle n'a pas la langue dans sa poche. Son sens de la répartie est désopilant. J'ai aimé aussi la présence de "petits objets" qui en disent beaucoup sur les personnages: les tictacs que ne cesse d'avaler le copain de Juno, le téléphone hamburger de cette dernière... Ellen Page l'interprète avec beaucoup de fraicheur : elle a d'ailleurs été nominée à l'oscar de la meilleure actrice pour ce rôle. J'aime aussi beaucoup Allison Janey qui joue la belle-mère de Juno qui (pour une fois!) n'est pas en conflit permanent avec sa belle-fille. Enfin Jennifer Garner campe une femme ,en mal de maternité, très émouvante...

Musique: Le compositeur Michael Danna et le groupe Devotchka ont écrit la bande originale de Little Miss Sunshine. La musique est alerte, tantôt comique, tantôt émouvante. La bande originale de Juno est plus variée: on peut entendre dans le film des morceaux des Moldy Peaches, des Velvet Underground ou encore de Kimya Dawson. Personnellement, j'adore "All I want is you" interprété par Barry Louis Poilsar et qui donne bien le ton du film.

juno1Mise en scène: Voici, selon moi, le seul véritable défaut de Little Miss Sunshine. La mise en scène est minimale: beaucoup de plans fixes, quelques travelling, mais rien de transcendant. Ceci dit, l'efficacité du récit compense largement la pauvreté de la mise en scène.

Juno offre quelques jolies idées de mise en scène même si celle-ci reste dans l'ensemble assez simple. Ainsi, j'ai aimé le début du film lorsqu'on voit des dessins au crayon s'animer. De même, le film est divisé en saisons et les noms de ces saisons apparaissent comme s'ils étaient écrits au crayon.

Propos général: Ces deux films offrent un propos beaucoup plus général sur notre société. Dans Little Miss Sunshine, Richard (Greg Kinnear) est obsédé par l'idée d'être un "winner" (=un gagnant) et non un "looser" (=un perdant). Et étant le père de famille, il fait tout pour que ses proches (et surtout sa fille Olive) soient aussi des "winner" et surtout pas des "looser". Evidemment, au cours du film, il est amené à reconsidérer son idéal. Sa devise intransigeante "Un winner (gagnant) n'échoue jamais" sera finalement remplacée par une autre, beaucoup plus humble: "L'essentiel c'est d'avoir tout donné, tant pis si on échoue: on n'est pas un "looser" pour autant". Au Little_Miss_Sunshine_Little_girls_in_swimsuitsdébut du film, Richard est victime de sa croyance en l'"American dream", ce rêve américain qui fait croire que la réussite est à la portée de tous mais qui nous rend aussi responsables de nos échecs. Little Miss Sunshine montre que ce "rêve" est mensonger. En outre, comme le laisse présager le titre, la fin du film propose une critique féroce des concours de "Mini Miss". Toutes les petites filles (hormis la délicieuse Olive) sont outrageusement maquillées et se comportent comme des adultes miniatures et non comme les enfants qu'elles sont comme vous pouvez le voir sur cette image...juno4

Quant à Juno, Diablo Cody, la scénariste, a ainsi résumé son sujet:"On peut considérer qu'il s'agit d'un hymne à la vie qui milite contre l'avortement, ou bien on peut le voir comme un film sur une jeune fille libérée qui prend une décision pour préserver sa liberté". A l'heure où l'on considère souvent que la liberté de la femme en matière de procréation réside surtout dans son droit à la contraception puis à l'avortement, il est intéressant de montrer que d'autres solutions (comme l'adoption dans le film) existent.

20 avril 2009

Joyeux anniversaire à moi même :-p

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Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. Je fête mes 21 ans. Profitons en pour faire un premier bilan de mon blog. Je suis très contente de l'avoir ouvert et de m'être forcé à écrire au moins une fois par semaine. Néanmoins, je regrette de ne pas avoir écrit plus: mon blog a deux mois et en deux mois, j'ai écrit moins de 30 articles -_-. J'aurais aimé atteindre un chiffre rond mais malheureusement, je n'y suis pas arrivé. Heureusement, j'écris souvent des articles longs donc ça compense :-).

Ça m'a fait un bien fou de mettre par écrit ce que je pensais de certains films et livres. Ça m'a obligé à faire preuve de clarté et à bien organiser mes arguments. Ce n'est pas toujours facile d'écrire. Il m'est souvent arrivé de m'installer devant mon ordinateur sans savoir ce que je voulais écrire. Résultat: j'ai passé des heures à écrire certains articles car je ne savais pas quoi dire. Ce fut le cas par exemple pour l'article sur Harvey Milk qui est pourtant assez court. A contrario, j'avais parfois une multitude d'idées mais il m'a fallu les organiser. Ça m'a pris du temps. Ainsi, j'ai mis plus de 6 heures à écrire mon article sur Dracula. Mais, même s'il n'est pas toujours facile d'écrire (d'ailleurs, je ne peux m'empêcher de relire mes anciens articles pour corriger quelques maladresses d'écriture), quel bonheur quand je vois s'afficher un nouvel article sur mon blog! Je l'avoue: à ce moment là, je suis toujours très fière de moi. J'aime me lire et me relire et pour l'instant, je suis satisfaite de tout ce que j'ai écrit. J'ai parfois peur de manquer d'inspiration mais pour l'instant j'ai toujours fini par trouver un sujet d'article. De toutes façons, je continue à penser qu'il ne faut pas toujours attendre l'inspiration: il est bon aussi de la "provoquer" et de se forcer à écrire. Même si au départ, on n'a aucune idée, celles ci finissent par jaillir au fur et à mesure. C'est parfois un véritable travail de titan d'écrire de longs articles mais j'aime beaucoup ça.

J'ai envie de continuer dans cette voie et je remercie tous ceux qui me laissent des commentaires (en particulier Maman, Pierre et Marie qui m'en laissent beaucoup): ça m'encourage à continuer! Je veux m'améliorer donc toutes les critiques constructives sont les bienvenues! Déjà, vous avez du remarquer que je m'efforce d'écrire des critiques sur des films que je n'ai vu qu'une fois au cinéma. Ce n'est pas un exercice facile pour moi, mais c'est un bon challenge et les conseils que j'ai reçu lors de mon stage au Forum des images me servent beaucoup. En outre, vous avez peut-être remarqué que je me mets à donner des titres à mes articles. J'espère qu'ainsi, il vous sera plus facile de me suivre...

A plus tard!

10 avril 2009

Ponyo sur la falaise

On est très sérieux lorsqu'on a que 5 ans.

Musique!

ponyoMercredi soir, je suis allé au cinéma avec mon frère voir le dernier film de Miyasaki: Ponyo sur la falaise. L'histoire est une reprise de La petite sirène d'Andersen: Ponyo, petit poisson rouge à tête humaine tombe amoureuse de Sosuke, un petit garçon de 5 ans. Elle décide alors de devenir humaine pour pouvoir vivre avec lui. Tout est beau et simple dans ce film et c'est ce qui m'a plu. C'est un conte très optimisme dans lequel il n'y a aucune violence (même le tsunami qui frappe le village n'a visiblement fait aucune victime) et aucun méchant (le père de Ponyo qui s'oppose à l'amour des deux enfants n'est pas un méchant homme mais simplement un père qui a peur pour sa fille). Pour Sosuke et Ponyo, tout est facile. Alors que le père de Ponyo (Fujimoto) s'inquiète parce que sa fille deviendra de l'écume si un jour Sosuke l'abandonne, les deux enfants n'ont aucun doute sur leurs sentiments. Sosuke a même l'air surpris quand Fujimoto lui demande s'il aimera toujours Ponyo quelque soit sa forme: poisson, humaine, mi poisson-mi humaine. De même la transformation de Ponyo ne surprend pas plus que ça nos deux héros: ils savent bien que l'amour est plus fort que tout et rend tout possible. Ils acceptent aussi bien le merveilleux que la vérité de leurs sentiments. Et peu à peu, cette faculté à tout accepter va contaminer les adultes. Les enfants inculpent cette leçon de sagesse aux grandes personnes.

Au début, la mère de Sosuke (Lisa) ne semble pas remarquer les étranges évènements qui ébranlent la mer. Alors qu'elle conduit son fils à l'école, elle ne s'étonne pas de voir un homme qui lui dit s'asperger régulièrement d'eau pour ne pas se déshydrater. De même, quand son fils lui dit que des immenses poissons sont en train de danser au dessus de la mer, elle ne se retourne pas pour regarder ce qui se passe comme si elle était insensible au merveilleux. Néanmoins, c'est avec une très grande simplicité qu'elle accepte ensuite la transformation de Ponyo en petite fille. Tous les évènements merveilleux qui vont en découler ne la surprennent plus. Contaminé par la facilité avec laquelle les deux enfants acceptent l'extraordinaire, elle l'accepte elle aussi.
Les vieilles dames qui peuplent la maison de retraite où travaille Lisa accueillent avec la même simplicité que les enfants les évènements incroyables qui vont bouleverser leur vie. Elles en sont même très heureuses et sortent rajeunie de cette histoire.
Le père de Ponyo, lui, croit au merveilleux mais il s'en méfie. Homme qui a décidé de vivre sous l'eau, étrange magicien, il sait que le merveilleux existe mais il a peur de le voir s'échapper de son contrôle. C'est pourquoi, il enferme dans des urnes divers philtres et veille à ce que le bateau dans lequel il vit ne puisse communiquer avec l'extérieur :toutes les portes et tous les hublots sont fermés. Quand il voit Ponyo et ses pouvoirs magiques (car la petite est magicienne) lui échapper, il est terrorisé et imagine déjà qu'une cataclysme va punir sa fille d'avoir voulu devenir humaine. Mais là encore, la jolie simplicité de ces enfants va le rassurer. L'amour n'est pas nécessairement destructeur...

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9 avril 2009

Bram Stoker's Dracula, Francis Ford Coppola.

Musique!

J'avais seulement douze ans la première fois que j'ai lu Dracula de Bram Stoker. Je voulais lire un livre effrayant: lassée des Chair de poule, je me suis alors tournée vers ce classique de la littérature anglaise. Je me souviens encore de ces soirées : je lisais ce livre, tout en regardant de temps à autre la fenêtre dans la crainte d'y voir soudain apparaitre un vampire. J'ai adoré ce livre non seulement parce qu'il était terrifiant mais aussi parce qu'il contenait beaucoup d'érotisme. Des années plus tard, j'ai vu le film de Coppola que j'aime toujours énormément. Je vais donc aujourd'hui m'amuser à comparer le livre de Bram Stocker et le film de Coppola.

I)Bram Stoker's Dracula: une fidélité au livre revendiquée.

vlcsnap_61246Un bon point de départ me semble être le titre original du film de Coppola: Bram's Stoker's Dracula. D'emblée, ce titre suggère un retour aux sources: le personnage de Dracula est peu à peu devenu un mythe autonome, qui a en partie échappé à son créateur pour devenir le héros de films, bandes dessinées, jeux vidéos...En appelant son film Bram Stoker's Dracula (= le Dracula de Bram Stoker pour les non anglicistes), Coppola revendique donc sa fidélité au roman original de Bram Stoker. Et en effet, à l'exception notable de l'histoire d'amour entre Dracula et Mina (sur laquelle je reviendrais plus tard), le film suit scrupuleusement l'intrigue du livre: l'arrivée de Jonathan au château de Dracula en Transylvanie, les souffrances de la malheureuse Lucy, l'attaque de Mina et enfin la traque du vampire. En outre, le film est fidèle au genre même de ce roman qui est un roman épistolaire. En effet, dans le livre, l'histoire est racontée à travers les journaux intimes des personnages principaux, les lettres qu'ils s'échangent, des articles de journaux et même des télégrammes. Même vlcsnap_59200dispositif dans le film: tantôt c'est Jonathan qui nous raconte (en voix off) ce qui lui arrive, tantôt Mina, Jack Seward ou Van Helsing. On voit Mina taper à la machine (comme dans le livre où elle apprend ainsi la sténographie) tandis que Jonathan écrit son journal à la main et que le docteur Jack Seward enregistre ses rapports à l'aide d'un phonographe... Des lettres et des gazettes apparaissent même à l'écran. Pour autant, le roman de Bram Stoker n'est pas la seule source d'inspiration du film de Coppola. Les longs ongles de Dracula et son ombre qui se profile sans cesse sur les murs font évidemment penser à Nosferatu de Murnau.

II)L'érotisme du vampirisme.

DraculaDans le livre de Bram Stoker, Jonathan Harker, en visite chez le Comte Dracula, se retrouve nez à nez avec trois étranges jeunes femmes:
"Sans bouger, je regardais la scène à travers mes paupières à demi fermées, en proie à une impatience, à un supplice exquis.
La blonde s'approcha, se pencha sur moi au point que je sentis sa respiration. L'haleine ,en un sens, était douce, douce comme du miel et produisait sur les nerfs la même sensation que sa voix, mais quelque chose d'amer se mêlait à cette douceur, quelque chose d'amer comme il s'en dégage de l'odeur du sang.Je n'osais pas relever les paupières, mais je continuais néanmoins à regarder à travers mes cils, et je voyais parfaitement la jeune femme, maintenant agenouillée, de plus en plus penchée sur moi, l'air ravi, comblé. Sur ses traits était peinte une volupté à la fois émouvante et repoussante et, tandis qu'elle courbait le cou, elle se pourléchait réellement les babines comme un animal, à tel point que je pus voir à la clarté de la lune la salive scintiller sur les lèvres couleur de rubis et sur la langue rouge qui se promenait sur les dents blanches et pointues. Sa tête descendait de plus en plus, ses lèvres furent au niveau de ma bouche, puis de mon menton, et j'eus l'impression qu'elles allaient se refermer sur ma gorge. Mais non, elle s'arrêta et j'entendis un bruit, un peu semblable à un clapotis, que faisait sa langue en léchant encore ses dents et ses lèvres tandis que je sentais le souffle chaud passer sur mon cou. Alors, la peau de ma gorge réagit comme si une main approchait de plus en plus pour la chatouiller, et ce que je sentis, ce fut la caresse tremblante des lèvres sur ma gorge et la légère morsure de deux dents pointues. La sensation se prolongeant, je fermais les yeux dans une extase langoureuse. Puis j'attendis-j'attendis le cœur battant."
L'érotisme est ici à son comble. Le plaisir que ressent la femme vampire et sa victime Jonathan est du même ordre que le plaisir sexuel. Il suffit de voir quel est le vocabulaire ici utilisé. Néanmoins, les sentiments que ressent le simple mortel envers le vampire sont ambivalents: Jonathan, ici, ressent du désir pour cette femme mais aussi du dégout et de la peur (ce que montre bien l'expression "une volupté à la fois émouvante et repoussante"). Mordre un humain est pour le vampire le comble de l'extase. C'est Anne Rice qui a le mieux développé cette idée puisque dans ces Chroniques des Vampires, partager son sang avec un autre vampire ou avec un simple humain remplace les plaisirs de la chair.

vlcsnap_69376Coppola accentue, dans son film, l'érotisme contenu dans le livre de Bram Stoker. Les femmes vampires (complètement nues dans le film) ne se contentent pas de mordre au cou Jonathan: elles mordent toutes les parties de son corps. Cette scène ressemble alors fortement à un viol: on retrouve bien l'érotisme de la scène d'origine mais malheureusement, on perd la dimension de plaisir que ressent normalement la victime du vampire (Jonathan Harker joué par Keanu Reeves est étonnamment passif dans cette scène et semble souffrir plus que jouir). Néanmoins, le film donne maintes fois l'impression que la présence du vampire exacerbe le désir des simples mortels. Ainsi, à un moment du film, Lucy (Sadie Frost) et Mina (Winona Ryder) échangent un bref baiser. Cette scène surprend: on a pu voir auparavant que Mina était très pudique et ne pouvait s'empêcher de rougir devant les images érotiques du Kamasutra. Or,juste avant que les deux femmes s'embrassent, le visage de Dracula apparait dans le ciel. La présence du vampire ôte toute pudeur et souci des convenances à ces deux jeunes femmes qui n'écoutent alors que leur désir.
vlcsnap_64479Le plaisir partagé par le vampire et sa victime lors de leur fatale étreinte se retrouve dans cette superbe scène où nous voyons Dracula (Gary Oldman) rejoindre Mina durant la nuit. Quand Dracula lui mord le cou,Mina a mal (mais n'est ce pas le cas de toute femme vierge qui fait l'amour pour la première fois?) mais c'est ensuite avec grand plaisir que Mina suce le sang de Dracula. Le visage du vampire alors en dit long: sa compagne lui fait atteindre le septième ciel...

III)Mina et Dracula: une histoire d'amour ou de désir refoulé?

On entend souvent dire qu'une bonne adaptation est une trahison. Je n'aime pas cette définition. Je préfère donc lui en substituer une autre.Dans Une histoire de la lecture, Alberto Manguel écrit que le traducteur d'un texte doit "permettre au sens profond de devenir apparent".Le travail d'un scénariste qui adapte un livre au cinéma est, de ce point de vue là, équivalent à celui d'un traducteur. Les meilleures adaptations de livres font donc jaillir le sens caché d'un texte en en cela, le film de Coppola est, pour moi, une excellente adaptation du roman de Bram Stoker. Coppola fait de Mina la réincarnation d'Elisabetha, une femme que Dracula a follement aimée et pour laquelle il s'est damné, devenant ainsi un vampire pour l'éternité. Dans le livre de Bram Stoker, il n'y a pas d'histoire d'amour explicite entre Dracula et Mina. On peut alors se demander si cette lecture du livre de Bram Stoker se justifie ou non.

 a)"Moi aussi, je peux aimer..."

vlcsnap_54373Dracula est il capable d'aimer? Dans le livre, on sait très peu de choses sur le passé de Dracula: on apprend juste de sa bouche qu'il a protégé son pays contre les hordes autrichiennes et hongroises. En celà, il est fidèle au personnage de Vlad Dracul , qui a vraiment existé et a servi de modèle à Bram Stoker pour son livre. Pour créer un passé à Dracula, le scénariste du film s'est inspiré de la véritable vie de Vlad Dracul et de son fils Vlad l'Empaleur. Comme Vlad l'empaleur,Dracula,est un guerrier cruel qui empale ses victimes. Et comme Vlad Dracul, Dracula fait partie de l'Ordre du Dragon qui se bat pour l'Eglise contre les Turcs. En revanche, le personnage d'Elisabetha est totalement inventé par le scénariste et n'existe pas dans le livre. Néanmoins, un court passage du roman peut faire penser que Dracula est devenu vampire à cause d'une femme (comme c'est le cas dans le film). En effet, quand Dracula découvre que ses femmes vampires ont osé s'en prendre à son invité Jonathan (qui là encore raconte la scène), il entre dans une colère noire:
"_Comment l'une d'entre vous a t-elle osé le toucher? Comment osez vous poser les yeux sur lui alors que je vous l'avais défendu? Allez vous-en, vous dis je! Cet homme est en mon pouvoir! Prenez garde d'intervenir, ou vous aurez affaire à moi.
La jeune femme blonde, avec son sourire provocant, se retourna pour lui répondre:
_Mais vous même n'avez jamais aimé! Vous n'aimez pas!
Les deux autres se joignirent à elle, et des rires si joyeux, mais si durs, si impitoyables retentirent dans la chambre que je faillis m'évanouir. Au vrai, ils retentissaient comme des rires de démons.
Le comte, après m'avoir dévisagé attentivement, se détourna et répliqua, à nouveau dans un murmure:
_Si, moi aussi, je peux aimer. Vous le savez parfaitement. Rappelez-vous! Maintenant, je vous promets que lorsque j'en aurai fini avec lui, vous pourrez l'embrassez autant qu'il vous plaira."
Par la suite, Dracula ne fera jamais plus allusion à une femme qu'il aurait aimé. Néanmoins, ces paroles justifient l'invention d'Elisabetha dans le film. D'ailleurs, on retrouve ces mots tels quels dans le film.

b)"The Bride of the Master"/ La "Mariée" du Maitre

vlcsnap_118777Dracula a donc bien aimé. Mais est il capable d'aimer à nouveau? Dans le livre de Bram Stoker, est il amoureux de Mina? Là encore, un petit détail peut le faire croire. Ainsi, alors que Mina court rejoindre Jonathan à Budapest pour l'épouser (p131 de mon livre), le docteur Seward raconte p 132 son entrevue avec Renfield, un fou au service de Dracula:
"Pendant une demi-heure et même davantage, Renfield se montra de plus en plus excité. [...] Puis, il se calma et avec un air de résignation, alla s'assoir sur le bord de son lit; il se mit à regarder dans le vague avec des yeux éteints. Je voulais savoir si cette apathie était réelle ou simulée et j'essayais de le faire parler de ses petites bêtes -sujet qui n'avait jamais manqué encore d'éveiller toute son attention. D'abord, il ne répondit pas puis finalement, il dit avec humeur:
_Au diable tout cela! Peu m'importe...
_Comment? l'interrompis-je. Vous n'allez pas me dire que vous ne vous intéressez pas aux araignées? (Car depuis quelques jours, sa principale marotte, ce sont les araignées, et son calepin est rempli de petits chiffres.)
A cela, il répondit d'une façon énigmatique:
_Les demoiselles d'honneur réjouissent les yeux de ceux qui attendent l'arrivée de la mariée; mais quand vient celle-ci, les demoiselles d'honneurs n'ont plus aucune importance aux yeux des invités."

vlcsnap_206190Pour le lecteur aussi, ces paroles sont énigmatiques. Qui est cette "mariée"?Est ce Lucy qui va bientôt devenir "la femme du démon" (comme le dira plus tard Van Helsing) ou bien Mina qui va bientôt épouser Jonathan? Pour ma part, je pense que ce n'est pas une coïncidence si le mot "mariée" apparait alors que le futur mariage de Mina vient juste d'être évoqué. Dans cette optique, Lucy est peut-être une de ces "demoiselles d'honneur" qui n'a plus d'importance pour Dracula puisque c'est maintenant Mina qu'il désire. En outre, si Mina est l'épouse de Dracula, cela implique qu'elle n'est pas seulement une femme parmi les autres victimes de Dracula (Lucy et sans doute les trois femmes vampires). Elle est peut-être LA femme qu'aime Dracula  .. Dans le film, on retrouve cette idée puisque Renfield (Tom Waits) appelle Mina "The Bride of The Master" ("la femme du Maître") et que c'est pour se venger de la trahison de Mina qui a choisi Jonathan que Dracula tue Lucy.

c)"Je n'avais nulle envie de m'opposer à son désir"

vlcsnap_118612Dans le roman de Bram Stoker, quels sont les sentiments de Mina à l'égard de Dracula? Il semble que Mina elle même ne sache pas trop quoi penser du vampire.
"Je me demande s'il ne faut pas, après tout, avoir aussi pitié d'une créature traquée comme l'est maintenant le comte. Car cette créature n'a rien d'humain, et ne ressemble même pas à un bête. Mais d'autre part, quand on lit ce que raconte le Docteur Seward de la mort de Lucy et des évènements qui suivirent, il est impossible d'éprouver pour Dracula la moindre pitié." En seulement trois phrases, Mina montre toutes ses contradictions. Il est manifeste ici qu'elle a pitié de Dracula mais qu'elle refuse de le reconnaître ("il est impossible d'éprouver..."). Elle est en tout cas la seule à éprouver un peu de pitié pour Dracula. Pour les personnages masculins de cette histoire, le comte est un monstre qui n'a absolument rien d'humain. Mina est seule dans un cercle d'hommes. Elle est la seule femme à s'exprimer dans ce roman (Lucy parle aussi dans quelques lettres mais elles sont très courtes): tous les autres journaux et lettres de ce roman sont écrits par des hommes. Par conséquent, peut-être se sent elle obligée de suivre l'opinion générale et c'est pourquoi, elle ne dit pas vraiment ce qu'elle pense de Dracula. Je vais néanmoins chercher à décrypter les sentiments de Mina envers Dracula.
Voici comment Mina décrit Dracula la première fois qu'elle le rencontre: "Son visage n'annonçait rien de bon; il était dur, cruel, sensuel, et les énormes dents blanches, qui paraissaient d'autant plus blanches entre les lèvres couleur rubis étaient pointues comme les dents d'un animal". Il est amusant de remarquer que, comme Jonathan lorsqu'il est attaqué par les femmes vampires, Mina remarque "les lèvres couleur rubis" du vampire. A l'égard de ce vampire, ses sentiments sont les même que ceux qu'éprouvaient Jonathan à l'égard des femmes vampires: la peur ("il était cruel") mais aussi le désir ("il était sensuel"). Quelle est cette peur? Peut-être Mina a t-elle peur de tromper son mari (qui lui même l'a déjà trompé avec les femmes vampires). Dans cette optique, en accentuant l'érotisme de ce "viol" par les femmes vampires, Coppola veut insister sur le fait que Jonathan a trompé sa femme. D'ailleurs, toujours dans le film, Van Helsing, lui même, le questionne sur "ses infidélités avec les démones"

vlcsnap_64137Dans le livre, Mina cherche à cacher son attirance pour Dracula. La première fois que Dracula vient la voir durant la nuit sous la forme d'un brouillard, elle préfère penser qu'elle rêve. Elle voit soudain deux yeux rouges briller à travers le brouillard et tout de suite, elle fait le rapprochement avec les femmes vampires: "Soudain, je frémis d'horreur en me disant que c'était ainsi que Jonathan avait vu ces trois créatures infernales se détacher des rayons de lune où tourbillonnait la poussière et prendre peu à peu la forme de femmes; puis je dus m'évanouir tout en rêvant, car il n'y eut plus autour de moi que des ténèbres.". Ce n'est pas un hasard si elle se souvient de l'infidélité de son mari au moment où elle même s'apprête à lui être infidèle. Heureusement, elle s'évanouit et évite ainsi de commettre une adultère. Mais Dracula revient et c'est ainsi que le Docteur Seward les prend en flagrant délit: "Dans sa main gauche, il (=Dracula) tenait les deux mains de Mrs Harker ou plutôt il les écartait de son buste autant qu'il le pouvait, de sorte que les bras de la jeune femme fussent entièrement tendus: de sa main droite, il lui tenait la nuque, l'obligeant à pencher le visage sur sa poitrine. Sa chemise de nuit blanche était tachée de sang, et un filet de sang coulait sur la poitrine de l'homme, que sa chemise déchirée laissait à nu". Par la suite, Mina cherchera à se justifier aux yeux de tous ces hommes. Mais, elle ne pourra s'empêcher de dire: "J'étais comme étourdie et, chose étrange, je n'avais nulle envie de m'opposer à son désir". Ainsi, elle avoue (enfin) son attirance pour Dracula...

vlcsnap_64656Par conséquent, je trouve que le film de Coppola propose une lecture très pertinente du livre. Comme j'ai tenté de le montrer, imaginer une histoire d'amour entre Dracula et Mina est une très bonne idée, puisque que le désir sexuel que l'on accepte ou que l'on refoule (comme le fait Mina) est le sujet même du livre. En outre, Coppola fait ainsi de Dracula un héros tragique et romantique, éminemment complexe (il a d'ailleurs de multiples visages dans le film: celui du beau prince charmant, du vieux comte en manteau rouge, de l'hideux "loup garou" qui copule avec Lucy, de "l'homme/chauve-souris"...) alors que le vampire de Bram Stoker était seulement un monstre, venu réveiller les désirs diaboliques des hommes pour les pousser à commettre des péchés mortels...

3 avril 2009

Harvey Milk

130781_10_harvey_milkAlléluia, Harvey est ressuscité!

Première apparition d'Harvey Milk (Sean Penn qui a bien mérité son oscar) à l'écran: seul dans sa cuisine, il s'apprête à enregistrer ses mémoires grâce à un petit dictaphone au cas où il serait assassiné.C'est lui qui va donc nous conter son histoire. Auparavant, un journaliste vient de nous annoncer sa mort. Idée de génie qui donne tout de suite une aura particulière à Harvey Milk, revenu d'entre les morts pour nous conter ce qui lui est arrivé... Cette résurrection, un brin ironique, est lourde de sens. La communauté  homosexuelle américaine, soudée autour d'Harvey Milk, se bat contre l'Église Catholique qui soutient que l'homosexualité est une abération de la nature. Mais l'Église a tort: Harvey n'est pas damné! Harvey, fils de Dieu, est ressuscité des morts! Seul le Christ avant lui avait eu cet honneur!

Fiction et réalité.

Bienvenue dans l'Amérique des années 1970, une époque pas si lointaine durant laquelle les homosexuels devaient se battre pour garder leurs droits civiques et étaient assimilés aux pédophiles par l'Église catholique. Gus Van Sant fait donc un biopic sur Harvey Milk, le premier homme politique ouvertement homosexuel à avoir été élu avant d'être froidement assasiné. Comme tous les réalisateurs de biopic, Gus Van Sant tient à rappeler aux spectateurs que l'histoire qu'il raconte est véridique. Pour celà, il n'hésite pas à nous montrer des images au statut ambigu. Images en noir et blanc, montrant une rafle dans un bar gay, puis images en couleurs d'un journal télévisé défilent devant nos yeux sans que nous soyons capables de dire avec certitude s'il s'agit d'images d'archives ou d'images filmées par Gus Van Sant. La première apparition de Sean Penn est alors un soulagement: enfin, nous19023203_w434_h_q80 nous retrouvons devant une image, au grain cette fois très net, dont le statut est clair! La suite du film verra alterner ces différentes sortes d'images. Mais le doute qui a saisi le spectateur au tout début du film n'a plus de raison d'être: la présence des mêmes acteurs dans ces différentes d'images nous permet alors d'affirmer ,(presque) sans l'ombre d'un doute, que (presque) toutes ces images ont été tournées par Gus Van Sant. Néanmoins, bien qu'il y ait quand même quelques images d'archive, le procédé est original et m'a beaucoup plu. Machine fictionnelle très classique d'un côté:un homme raconte les dernières années de sa vie dans un ordre chronologique et sans cesse des inscriptions nous indique où et quand se déroule la scène. Volonté de souligner la véracité de l'histoire de l'autre: peu de musique extradiégétique, des images au grain pas toujours très net comme si elles avaient été prises sur le vif par un cinéaste amateur, des photos prises par Harvey Milk/Sean Penn en noir et blanc comme un témoignage de son époque, images (d'archive ou non) de journaux télévisés... Gus Van Sant clame ainsi haut et fort, mais de manière très originale, que son film est une fiction basée sur une histoire véridique. J'ai presque regretté de voir à la fin du film défiler les photos des véritables acteurs de cette histoire accompagnés d'un petit texte expliquant ce que chacun était devenu après la mort d'Harvey Milk. Certes, ce procédé se justifie puisque  Gus Van Sant a fait ce film pour rendre hommage à ces hommes qui se sont battus pour que les homosexuels ne soient plus stygmatisés. Mais c'est tellement cliché! Tous les films qui rendent hommage à une époque ou à une personne réelle se finissent ainsi: Ed Wood, Sophie Scholl... Faire une fiction n'est ce pas déjà une forme d'hommage? Pourquoi toujours vouloir ainsi se "justifier" en se référant à la réalité? Dans ce cas, autant faire un documentaire! Messieurs et mesdames les cinéastes, j'en appelle à votre imagination pour que vous nous épargniez ce cliché une fois pour toutes!

31 mars 2009

Ne touchez pas la hache.

Bonjour à tous et à toutes!

Ce week-end, avec quatorze autres personnes, j'ai participé à un stage organisé par Le forum des images : Écrire sur les films. Samedi après-midi, nous nous sommes retrouvés au forum pour voir un "film surprise", dont nous ignorons tout. A 14h30, fin du suspense et début de la projection de Ne touchez pas la hache de Jacques Rivette. Le choix du film était judicieux: seules trois personnes l'avaient déjà vu. Pour les autres, moi y compris, ce fut une véritable découverte. A la fin de la projection, nous donnons chacun notre avis sur le film. Pour ma part, je l'ai bien aimé, mais sans plus. Comme beaucoup de stagiaires,  je n'ai pas été bouleversée par ce film. Mais, il est très riche et il y a donc beaucoup de choses à en dire.

Le lendemain matin, les choses sérieuses commencent: c'est aujourd'hui que nous devons chacun écrire une critique du film. Marie-Anne Guerin, critique de cinéma et responsable du stage, est là pour nous aider. C'est un véritable défi pour moi car je n'ai pas l'habitude d'écrire sur des films que je n'ai vu qu'une fois et qui ne m'ont pas beaucoup plu. Je me mets donc au travail. Je commence à noircir des pages et des pages (j'ai envie de dire TOUT ce qui me paraît intéressant dans ce film), avant d'aller voir Marie-Anne Guérin et de lui montrer le début de ma critique. Elle me donne de très bons conseils: ma critique doit suivre UNE ligne directrice et être fluide; je dois m'appuyer sur des scènes du film, tout en prenant garde à ne pas dévoiler l'histoire au lecteur... Les autres stagiaires à qui je lis ma critique me donnent, eux aussi, de très bons conseils.

Je réécris ma critique en gardant en tête tous ces conseils qui m'ont été donné. A la fin de la journée, ma critique est finie. Néanmoins, j'éprouve une certaine frustration: il m'a fallut m'en tenir à une idée alors que j'en avais plein d'autres. En outre, ma critique est très courte car j'ai essayé d'être synthétique. Mais je suis contente de moi. J'ai du écrire en me pliant à des règles et je pense qu'il n'y a rien de plus formateur: si j'étais critique, il me faudrait bien respecter les exigences de la rédaction pour laquelle je travaillerais. En outre, tous les conseils que m'a donné Marie-Anne Guérin me permettront, je pense, d'écrire de meilleures critiques.

Ne_touchez_pas_la_hache___AfficheVoici donc ma critique de Ne touchez pas la hache:

Le monde comme une prison

"Les premiers plans de Ne touchez pas la hache de Rivette, adaptation de La duchesse de Langeais de Balzac, nous montre un couvent sans âge orné d'antiques colonnes et de vieilles mosaïques. Un premier intertitre nous a indiqué que l'action se passe en 1823: pourtant, ce bâtiment ne semble pas daté du XIX ème siècle. Ce lieu sans âge et sans âme, où l'on entend rien d'autre que le cri des mouettes et le chant des religieuses, cet habitacle isolé et planté sur le sommet d'une falaise est un lieu de mort. C'est ici que l'on voit pour la première fois nos deux héros: La duchesse de Langeais (Jeanne Balibar) et le marquis de Montrivau (Guillaume Depardieu). Un intertitre nous ramène alors cinq ans plus tôt dans les salons parisiens du Ier Empire. Ici, se réunit la crème de la société aristocratique, qui ne se soucie plus autant des convenances que sous l'Ancien Régime. Ainsi, quand la duchesse, pourtant mariée, fait stationner sa calèche devant la demeure de son amant le marquis, sa tante ne crie pas au scandale mais se contente de déclarer avec légèreté qu'il n'y a là rien de compromettant et qu'il est encore possible de sauvegarder les apparences. Les convenances ne sont jamais un réel obstacle à l'amour de nos deux héros. Certes, la duchesse est mariée mais son époux est curieusement absent du film. En réalité, elle se sert des convenances comme d'un prétexte pour inciter à la prudence son amant trop empressé. Elle l'invite à des heures indues puis le presse de partir dès qu'elle se lasse de sa compagnie sous prétexte des "qu'en dira t-on?".La sphère dans laquelle évolue notre héroïne forme une petite société, presque une "société famille": son père, son oncle et sa tante en font ainsi partie. Cette sphère est cependant aussi froide qu'un couvent. On y parle, on y danse. Pourtant, là aussi, le silence semble de mise. On entend à peine la musique des bals, on y converse peu et chaque parole semble étudiée. Souvent la caméra ne cadre qu'un ou deux personnages: on se sent désespérément seul dans cet univers confiné. C'est un monde fermé comme l'est le couvent du début. Toujours des portes, des rideaux et des grilles empêchent le marquis d'approcher immédiatement la duchesse. Au couvent, Montrivau ne peut s'adresser à sa maitresse qu'à travers une grille, jusqu'à ce que les rideaux se ferment et interdisent alors aux deux amants de se voir et de se parler. Paris n'existe pas: on n'en voit que les intérieurs des appartements privés, qui semblent communiquer les uns avec les autres comme s'ils formaient un immense labyrinthe. Quand le marquis ramène la duchesse de chez lui à la salle de bal qu'elle avait quittée, ils traversent de grands corridors, montent et descendent des escaliers pour enfin parvenir à cette salle comme si elle se trouvait dans la même demeure que les appartements du marquis. Antoinette de Langeais et Armand de Montrivau ne quitteront cette prison que pour en rejoindre une autre: celle du couvent. Cet emprisonnement continuel est-il celui  de leurs cœurs,enchainés par le désir amoureux? Ou bien une sorte de fatalité, qui ne permet aux deux amants ni de se voir facilement ni de se séparer définitivement? Ou alors symbolise t-il ces deux rocs  (la société et la religion) que nos héros doivent escalader pour pouvoir se rejoindre? La réponse n'est pas évidente. Seule certitude: on peut sortir de cet univers carcéral. Le film s'achève sur cette image de la mer qui s'étend à perte de vue et offre la promesse de nouveaux horizons..."

23 mars 2009

Charlie et la chocolaterie

Bienvenue dans la merveilleuse chocolaterie de Willy Wonka!

Musique!

Approchez et venez voir de plus près l'immense salle au chocolat:

vlcsnap_57887"A leurs pieds s'étalait... une jolie vallée. De chaque côté, il y avait de verts pâturages et tout au fond coulait une grande rivière brune. Mais on voyait aussi une formidable cascade-une falaise abrupte du haut de laquelle une eau pleine de remous se précipitait dans la rivière, formant un rideau compact, finissant en un tourbillon bouillonnant, écumant de mousse et d'embruns.[...] Des arbres et des arbustes pleins de grâce poussaient le long de la rivière: des saules pleureurs, des aulnes, du rhododendron touffu à fleurs roses, rouges et mauves. Le gazon était étoilé de milliers de boutons-d'or."


C'est cet endroit merveilleux que découvrent cinq enfants qui ont eu la chance de trouver un ticket d'or leur donnant l'infime honneur de découvrir ce que cache l'étrange chocolaterie de Willy Wonka. Malheureusement, quatre de ces cinq enfants sont d'affreux bambins: Augustus Gloop ne pense qu'à manger, Mike Teavee passe son temps à regarder la télévision, Violet Beauregard mâche le même chewing-gum à longueur de temps tandis que Veruca Salt est pourrie gâtée par ses parents. Heureusement, il y a Charlie, un adorable petit garçon qui vit avec ses parents et ses quatre grands parents dans une minuscule petite maison. Leur pauvreté est telle qu'ils ne mangent rien d'autre que du chou et que les quatre grands-parents doivent partager le même lit. Néanmoins, c'est une famille aimante pour qui le ticket d'or gagné par Charlie semble promettre une vie meilleure... Telle est l'histoire racontée par Roald Dahl dans son livre Charlie et la Chocolaterie, publié en 1964.Ce film a été deux fois adapté au cinéma: une première fois par Mel Stuart en 1971, et une deuxième fois par Tim Burton en 2005. N'ayant pas vu le film de Mel Stuart, mais aimant beaucoup le film de Burton, je vais aujourd'hui m'amuser à compare
r le livre de Roald Dahl au film de Burton.

Le monde réel et l'univers merveilleux de l'enfant.

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Roald Dahl fait preuve d'une imagination débordante dans sa peinture de la chocolaterie de Willy Wonka. C'est le pays des merveilles, un arc-en-ciel  de couleurs qui propose surprise sur surprise à un lecteur émerveillé. Le petit extrait que je vous ai proposé en début de cet article rend bien compte de ce foisonnement de couleurs qui règne dans la petite chocolaterie: le vert de l'herbe, la rivière brune, les fleurs roses, rouges et mauves... Cette immense chocolaterie aux innombrables couloirs ("Cet endroit ressemblait à une gigantesque garenne, avec des tas de couloirs dans tous les sens" écrit Roald Dahl) possède des pièces plus étonnantes les unes que les autres: "la salle des inventions" où sont produits des "bonbons inusables et des caramels à cheveux", celle des "oreillers mangeables en pâte de guimauve", "des crèmes glacées chaudes pour les jours de grand froid", "des bonbons carrés qui ont l'air d'être ronds"... Pour moi, Tim Burton parvient parfaitement à reconstituer à l'écran ce palais enchanteur de Willy Wonka. Dans son film, on passe également sans cesse d'une salle merveilleuse à l'autre. Son film est un véritable enchantement visuel: la "salle du chocolat" que vous pouvez voir en photo le montre suffisamment. En outre, j'ai eu l'impression qu'il y avait une véritable opposition esthétique entre "le monde extérieur à la chocolaterie" aux tons très ternes(la maison de Charlie ou celle où Willy Wonka a passé son enfance (cf les deux photos au dessus)) et "l'intérieur de la chocolaterie" (la salle du chocolat ou celle des écureuils (cf photo en dessous à gauche)) où les couleurs sont au contraire très vives. Chez Roald Dahl aussi, l'opposition entre ces deux mondes est très marquée. Le monde extérieur est d'abord celui où l'on meurt de faim parce que l'on est pauvre : le chapitre 10 s'intitule même "La famille commence à mourir de faim" et Charlie est plusieurs fois décrit comme une "crevette" tandis que son grand-père Joe est "un squelette". A l'opposé, la chocolaterie propose une inépuisable quantité de nourriture. Ce thème de la faim me semble moins présent dans le film que dans le livre ceci dit, je pense que le froid de la neige ,qui ne cesse de tomber dans le film, symbolise aussi la dureté du monde "réel" Et la froide façade de la chocolaterie (cf photo en bas à droite)est elle même le signe de la réclusion volontaire de Willy Wonka qui sciemment s'est coupé du monde.

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SPOILER Ce qui est superbe dans ce film, c'est qu'à la fin, ces deux mondes qui se côtoient fusionnent puisque la maison de Charlie est transportée dans la chocolaterie de Willy Wonka. J'y vois là la réconciliation du monde adulte aux couleurs ternes et tristes (parce que la réalité est parfois dure) et celle du monde merveilleux de l'enfant comme si en acceptant les "parents" adultes (qu'il s'agisse des parents de Charlie ou de son propre père), Willy Wonka avait enfin accepté la réalité. Comme l'enfant qui cesse d'être égoïste et s'ouvre peu à peu au monde, Willy Wonka renonce à la toute puissance de l'enfance (il est intéressant de remarquer qu'il est le démiurge de sa chocolaterie), reconnait peu à peu ses failles et s'ouvre enfin aux autres. Il ne sera désormais plus le maitre absolu de sa chocolaterie puisqu'il a délégué une partie de son pouvoir à Charlie. J'en viens même à me demander si Tim Burton n'a pas repris le même générique de début dans Sweeney Tod, parce qu'il s'agit dans ce dernier film d'un homme qui a complètement perdu foi dans le vie et qui a donc prématurément vieilli alors que dans Charlie et la chocolaterie, la vision naïve et idéalisée de l'enfant et la vision plus pragmatique de l'adulte sont finalement réconciliées.

Les Oompas-Loompas

vlcsnap_34871Passons maintenant aux Oompa-Loompas qui travaillent dans la chocolaterie. J'avoue ne pas les trouver très réussis dans le film: j'aime le fait qu'il soient tous totalement identiques (la différence entre hommes et femmes n'est marquée que par leur tenue vestimentaire) mais je n'aime pas leur combinaison rouge qui remplace le pagne et les feuilles d'arbre du livre. En outre, leur faciès d'adulte me déplait. On aurait pu en faire de mignons petits lutins, au visage d'enfant: j'aurais trouver ça préférable. Mais bon, ce n'est que mon avis. Par contre, j'ai beaucoup aimé leurs chansons: les paroles sont très drôles (elles sont tirées du livre) et j'ai apprécié leur voix très haut perché qui contribue au comique de ces chansons.

Johnny Depp en Willy Wonka: Tim Burton a t-il "trahi" le livre de Roald Dahl?

Nouvelle musique!

Maintenant venons en à la principale différence entre le livre et le film: le personnage de Willy Wonka. Certains fans du livre ont pu être surpris par l'interprétation que Tim Burton fait du personnage. J'avoue que j'en ai fait partie. La première fois que j'ai vu le film, j'ai trouvé que Willy Wonka, tel qu'il était joué par Johnny Depp, était très différent de l'image que je m'en étais faite en lisant le livre. En effet, j'avais souvenir que Willy Wonka était un vieil homme plutôt jovial et sympathique, et non un personnage complètement névrosé comme Tim Burton le présente dans ce film. Comme me l'a très judicieusement fait remarquer Marie, cette image que je m'étais faWilly_Wonkaite de Willy Wonka était très influencée par les illustrations de Quentin Blake. Néanmoins, comme j'avais lu le livre il y a fort longtemps, j'ai préféré le relire avant d'en tirer des conclusions hâtives sur la fidélité ou non de ce personnage fiilmique par rapport au livre. Finalement, après une lecture attentive du livre de Roald Dahl (en plus en anglais cette fois et non plus dans sa traduction française), je trouve que le Willy Wonka de Johnny Deep est plutôt fidèle au livre et que l'interprétation du personnage qu'en fait Tim Burton (qui va jusqu'à lui inventer tout un passé) se justifie. Dans le livre, l'attitude de Willy Wonka est ainsi décrite: "Ses yeux étaient merveilleusement brillants. Ils semblaient vous lancer sans cesse des regards complices plein d'étincelles. Tout son visage était, pour ainsi dire, illuminé de gaieté et de bonne humeur. [...] Il avait de drôles de petits gestes saccadés, sa tête bougeait sans cesse et son regard vif se posait partout, enregistrait tout en un clin d'oeil. Tous ses mouvements étaient rapides comme ceux d'un écureuil. Oui, c'était bien ça, il ressemblait à un écureuil vif et malicieux." Willy parle toujours de manière enjouée comme le montre l'extrait suivant: "-Charlie! s'exclama Mr Wonka. Tiens, tiens, tiens! Donc, te voici! [...] Et ça, c'est ton grand-père? Charmé de vous voir, monsieur! Ravi! Enchanté! C'est parfait! C'est excellent! ". En ce qui me concerne, je trouve que le jeu de Johnny Deep est parfaitement conforme à cette description. Le fait que Johnny Deep fasse de Willy Wonka un personnage très enfantin me semble aussi justifié par son attitude étra_johnnydeppnge  dans le livre. En effet, il s'agit d'un personnage très ambigu, qui s'oppose fortement aux autres adultes, en l'occurrence les parents des enfants gâtés. Il n'est souvent pas pris au sérieux par les adultes ni même par les enfants (à l'exception notable de Charlie et de son grand-père): SPOILER quand il parle de sa nouvelle invention destinée à faire apparaitre une véritable tablette de chocolat dans un écran de télévision, Mike Teavee lui rétorque que c'est impossible; quand il parle de Loompaland, un parent lui rétorque que cet endroit n'existe pas...Willy Wonka est clairement du côté des enfants et de leur capacité à s'émerveiller de tout SPOILER au point qu'il explique clairement à la fin du livre de Roald Dahl qu'il ne veut pas d'un adulte comme successeur: "Je ne veux pas d'une grande personne ici (=dans la chocolaterie). Un adulte ne m'écouterait pas, il n'apprendrait rien. Il tenterait de procéder à sa manière et non à la mienne. C'est pourquoi il me faut un enfant. Un enfant sage, sensible et affectueux, à qui je puisse confier mes précieux secrets de fabrication-tant que je vivrai encore".) De plus, Willy Wonka n'a rien d'un adulte responsable: SPOILER il ne se préoccupe absolument pas du sort des enfants à qui il arrive malheur et il semblerait même qu'il ait voulu ce qui leur arrive (à la fin du livre, alors qu'il se retrouve soudain seul avec Charlie et son grand père, voici ce qu'il lui dit: "-Tu veux dire qu'il n'y a plus que toi? dit Mr Wonka en feignant la surprise"). En outre, le physique de Johnny Deep me semble bien convenir au rôle. Je m'explique: dans ce film, Johnny Deep joue un personnage dont on aurait bien du mal à fixer l'âge. Or, à la fin du livre, voici ce que dit Willy Wonka: "Je suis un vieil homme. Je suis bien plus vieux que vous ne pensez." Pour moi, cette phrase justifie à elle seule le choix de faire de Willy Wonka un personnage proche de Peter Pan, qui semble ne jamais grandir. La réalité est évidemment toute autre SPOILER puisque c'est parce qu'il a conscience qu'il vieillit que Willy Wonka organise ce concours afin de se trouver un successeur. Ceci dit (et c'est là que réside pour moi LA principale différence entre le Willy Wonka du livre et celui du film), le personnage de Roald Dahl ne grandit pas, spirituellement et moralement parlant. Du début à la fin du livre, il reste fidèle à lui même et n'évolue pas. Dans Charlie et le grand ascenseur de verre (suite de Charlie et la chocolaterie écrite en 1978 par Roald Dahl), nous retrouvons exactement le même Willy Wonka. A contrario, il y a une réelle évolution de Willy Wonka entre le début et la fin du film car Tim Burton le dote d'une histoire personnelle complexe...

J'imagine que Tim Burton (ou sonvlcsnap_50968 scénariste) a été intrigué par ce personnage ambigu qu'est Willy Wonka dans le livre de Roald Dahl. J'ai tenté dans le paragraphe précédent de montrer la complexité de ce personnage , donc je ne me répéterais pas (cet article étant en plus assez long comme ça XD). J'aime beaucoup l'explication que donne Tim Burton de la névrose du personnage: elle ne dénature pas le personnage original mais est au contraire très plausible. En outre, et je finirais là dessus, cette idée donne une dimension très personnelle au film de Burton. Personne ,je pense, n'aurait l'affront de dire que ce film est une simple adaptation du livre de Roald Dahl. Bien au contraire: Tim Burton s'est emparé du personnage de Dahl pour en faire un personnage typiquement "burtonien", qui, comme beaucoup d'autres personnages de ses films, se sent différent des autres et a donc du mal à trouver sa place dans la société qui l'entoure...

Je m'arrête là. Merci à ceux qui auront eu le courage de tout lire XD. N'hésitez pas à laisser des commentaires: je ne conçois pas mon blog comme un simple monologue (même si je parle ou plutôt écris beaucoup) mais comme un échange avec mes lecteurs. Alors, allez y! En plus, ça me pousse à continuer parce que bon, comme vous pouvez l'imaginer, écrire un tel article me prend beaucoup de temps même si j'adore ça.

Pour information, j'avais annoncé il y a deux semaines, que je ferais une analyse comparée de Dracula de Bram Stocker et de Coppola. J'ai toujours très envie de le faire. Je sais même déjà en grande partie ce que je vais écrire. Malheureusement, j'aimerais d'abord pouvoir revoir le film en DVD afin notamment de pouvoir faire des captures d'écrans. Or, je n'ai pas le DVD. Je l'ai réservé à la médiathèque mais malheureusement, la personne qui l'a emprunté ne l'a toujours pas ramené -_-. Mais promis: dès que j'ai le DVD, je m'y mets!

20 mars 2009

Mes premiers livres.

bnfAujourd'hui, je suis allée à la BNF voir l'exposition Babar, Harry Potter et cie, livres d'enfants d'hier et d'aujourd'hui. J'ai beaucoup aimé cette exposition qui explique bien comment l'idée d'une littérature spécifiquement enfantine est née peu à peu dès la fin du XVIIIème siècle. On peut admirer la diversité des œuvres relevant de la littérature jeunesse: abécédaires, albums, livres illustrés, livres "pop up", encyclopédies et ouvrages à caractère pédagogique destinés à un jeune public, romans pour enfants, classiques simplifiés... La BNF ne s'est pas contenté d'exposer des livres dans des vitrines, elle en a aussi laissé à la disposition du public: j'ai ainsi pu feuilleter des albums et des livres pour bébés. Il y a en outre de nombreux  ordinateurs qui permettent de lire certains livres. J'ai ainsi pu tourner virtuellement les pages d'un livre illustré qui, par le biais de petites histoires, incite les enfants à être des anges de vertu. J'ai eu souvent le plaisir de retrouver dans cette exposition des livres que j'avais lu (ou qu'on m'avait lu) quand j'étais petite . Aussi, cette exposition ayant agi sur moi comme la madeleine de Proust, j'ai eu envie de vous parler de quelques livres qui m'ont particulièrement marqué dans ma petite enfance. Comme il m'est évidemment impossible de vous parler de tous les livres que j'ai dévoré étant enfant (ce serait trop long et trop fastidieux -_-), j'ai décidé de ne n'en choisir que cinq, qui sont soit des albums soit des livres illustrés comme vous allez le voir.

Photo0178Comme beaucoup d'enfants, j'adorais les livres "pop up", qu'il fallait manipuler avec précaution. J'étais émerveillé par ces pages qui nous présentaient soudain un monde en trois dimensions. Celui-ci raconte l'histoire de Blanche-Neige et les Sept nains. J'ai été agréablement surprise de le retrouver en si bon état...









nouvellemaitresse007La Nouvelle Maitresse
est L'histoire que mes parents devaient m
e lire chaque soir avant que je m'endorme. Il y est question d'une petite hérissonne, qui ne supporte pas le départ de son institutrice qu'elle aimait tant. Elle refuse donc d'obéir à sa nouvelle maîtresse, jusqu'au jour où elle découvre que celle-ci est finalement aussi gentille que l'ancienne. Je connaisais par coeur cette histoire mais je ne m'en lassais pas et sans cesse je la réclamais à mes parents.




martine006J'ai chez moi une quantité incommensurable d'albums de Caroline, Martine... Mais celui-ci est de loin mon préféré. Dans ce livre, la petite Martine rêve d'avoir une poupée en porcelaine, comme celle qu'elle a pu voir dans une vieille boutique. Elle va alors en voler une qui lui ressemble beaucoup, avant de la ramener finalement au magasin. Mais, surprise: lors de son anniversaire, sa maman lui offre la poupée tant désirée... Je soupçonne cette histoire d'être en grande partie responsable de ma passion pour les poupées de porcelaine. J'ai reçu ce livre quand j'avais six ans. La poupée de cette histoire était tellement belle que pour mes sept ans, j'ai demandé à mes parents de m'offrir...une poupée de porcelaine! Finalement, j'en ai reçu deux qui trônent toujours fièrement dans ma chambre. Depuis, j'aime flâner dans les brocantes dans l'espoir de trouver de superbes poupées à des prix défiant toute concurence! A ce jour, huit grandes poupées, trois petites et un clown en porcelaine sur sa balançoire se partagent ainsi ma chambre.


gardeuseoies004La gardeuse d'oies de la fontaine est un des premiers livres que j'ai lu seule. Il s'agit d'un conte de Grimm (que vous pouvez lire ici si vous le souhaitez) malheureusement méconnu. Cette histoire m'a émerveillée. C'était la première fois que je lisais l'histoire d'une princesse qui pleurait des perles et j'ai longtemps rêvé d'avoir ce même don. La lecture de La fée du robinet de Pierre Gripari m'a heureusement guéri de cette fantaisie. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce conte, il s'agit d'une parodie du conte Les Fées dans laquelle le don de cracher des perles devient une véritable malédiction pour celle qui le possède. Mais trève de digressions: revenons en à La Gardeuse d'oies. J'ai toujours adoré ce moment où la gardeuse d'oies se lave à la fontaine et révèle ainsi sa beauté, qu'un masque de laideur tenait jusque là cachée (c'est en somme un peu la même idée que dans le Vilain petit canard). En outre, l'édition
que j'avais de La gardeuse d'oies était absolument sublime: il s'agissait d'un petit livre de la Bibliothèque rose, qui ne payait pas de mine au premier abord mais qui proposait en fait de superbes illustrations (comme vous pouvez le voir). Je pense que ces dessins de Michel Charrier ont grandement contribué à mon amour de ce petit conte... Aujourd'hui encore, ce livre occupe une place de choix dans ma bibliothèque et il m'arrive fréquemment de le relire. La Gardeuse d'oies est incontestablement mon conte préféré juste devant Le Rossignol de l'Empereur que j'aime aussi beaucoup.

pierrelapinJ'adore les livres de Beatrix Potter. Ce sont de belles histoires dans lesquelles règne un certain "cannibalisme" entre les animaux: quand ce ne sont pas les hommes qui veulent manger des lapins, ce sont des rats qui souhaitent manger un chat ou un renard qui veut dévorer des oeufs d'oie. Bref, on retrouve dans ces histoires la violence intrasèque des contes. Pour contrebalancer cette violence, on a affaire à des dessins très "doux". Pierre Lapin doit être la première histoire de Beatrix Potter que mes parents m'ont lu. Je m'amusais beaucoup du fait que les deux lapins de ce récit (Pierre et Jeannot) portaient presque les mêmes noms que mes deux frères Pierre et Jean. D'ailleurs, bien des années plus tard, c'est un peu pour cette même raison que j'ai lu Pierre et Jean de Maupassant -_-.

Il y a évidemment beaucoup d'autres albums qui ont marqué mon enfance: les livres de Tomi Ungerer ou de Claude Ponti, la série des "John Chatterton" ou des "Ours Brun et Ourse Blanche"... Il y a aussi toujours eu des contes: j'ai encore dans ma bibliothèque de nombreux recueils de contes. Mais bon, je vais m'arrêter là. Pour finir et puisque je vous parle de littérature jeunesse, je voulais juste savoir si certains parmi vous connaissaient les albums de Dr. Seuss. C'est un auteur américain très connu de l'autre côté de l'Atlantique. Sa prose est très musicale: avec son rythme alerte et ses rimes, on dirait presque de la poésie. Ses dessins, eux, sont très amusants. Malheureusement, à ma connaissance, seul un de ses livres a été traduit en France: Le Chat chapeauté. Néanmoins, vous pouvez toujours vous les procurer en anglais: comme il écrit pour les enfants, il n'est pas trop difficile à comprendre ^^. Mon Dr. Seuss préféré est Green eggs and Ham.

Et vous? Quels sont les cinq livres qui ont marqué votre petite enfance?

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