The Unknown, partie II
Les horribles mains des hommes...
Attention SPOILER: comme je vais m’amuser à décortiquer et décrypter ce film, je vais révéler les grandes lignes de l’intrigue. Donc, si vous avez envie de voir ce film et que ça vous dérange de connaitre l’intrigue principale du film avant de l’avoir vu, je vous conseille de passer votre chemin. En même temps, comme j’aime bien être lu, vous pouvez quand même me lire même si vous n’avez pas vu le film (surtout que j’imagine que vous ne devez pas être nombreux à l’avoir vu -_-).
Après cette petite mise au point,
je vais donc pouvoir commencer. J’ai dit hier que ce film racontait une
histoire d’amour fou : c’est plus précisément un film sur le désir
amoureux et sur
Le film va alors se compliquer car il se révèle que Alonzo n’est pas manchot. Il se fait passer pour tel parce qu’il est recherché par la police dans une affaire de vols. Or, il a un signe distinctif qui le fera reconnaître immédiatement par la police : il a deux pouces à chaque main (comme vous pouvez le voir sur l'image.)Ce personnage, qui n’est qu’un pauvre manchot dont il faut avoir pitié pour Nanon, devient alors très ambigu. On découvre très vite qu’il est loin d’être un « gentil » manchot : il conseille ainsi à Malabar, lui aussi amoureux de Nanon, de prendre de force la jeune fille dans ses bras alors qu’il connait sa répulsion pour les mains des hommes. En outre, comme je viens de le dire : ce manchot est en fait un faux manchot.
On trouve là une problématique qui sera développée plus tard dans Freaks. Dans Freaks, Tod Browning raconte le quotidien d’un cirque qui comprend des "bêtes de foires" (nains, sœurs siamoises, hermaphrodite, femme à barbe…) et des personnes "normales". Il réfléchit alors aux notions d’humanité et de monstruosité. Et là où un film hollywoodien aurait cherché à montrer que « le monstre n’est pas celui que l’on croit » (morale du Bossu de notre dame je crois), Tod Browning propose une conclusion beaucoup plus noire : finalement, hommes comme « bêtes de foires » peuvent être aussi ignobles les uns que les autres.
Dans The Unknown, il y a aussi une réflexion sur la monstruosité mais elle est beaucoup moins approfondie. Il n’y a qu’un « monstre » dans cette histoire qui est Alonzo (les deux autres personnages du film : Malabar et Nanon sont des personnages très positifs). Son statut de vrai faux manchot le prive de toute humanité. Comme je l’ai déjà dit précédemment, Alonzo n’a pas de bras, ce qui fait qu’il n’est pas vraiment un homme (il est comme émasculé). En outre, il possède un autre caractère monstrueux : il a deux pouces. Mais sa monstruosité n’est pas que physique, elle est avant tout morale. En effet, au fil du film, Alonzo va perdre son humanité alors que Nanon va peu à peu accepter cette composante sexuelle qui fait partie de l’homme, et elle va devenir ainsi plus humaine. Telle est d’ailleurs la conclusion du film : Alonzo est mort parce qu’il n’a pas pu devenir plus humain (il est peu à peu dévoré par la haine) alors que Nanon va cesser de haïr les hommes pour les aimer. A la fin du film, Nanon décide de se marier avec Malabar, qui, par sa gentillesse et sa patience, a réussi à la séduire.
A l’opposé, Alonzo va décider de se faire couper les bras pour pouvoir épouser Nanon. Il n’a pas vraiment d’autre choix car il a tué auparavant le père de Nanon, qui avait découvert qu’il n’était pas manchot. Or, Nanon n’a pas vu le visage du meurtrier de son père, mais elle a pu voir qu’il avait deux pouces à chaque main. Alonzo ne peut donc pas révéler à Nanon qu’il n’est pas un vrai manchot. Cependant, on peut quand même s’interroger sur ses actes qui en font un être inhumain. Il commence par tuer le père de Nanon parce qu’il a découvert qu’il avait des mains, donc qu’il était un vrai homme si je continue à considérer que dans ce film, la main est une métaphore du sexe (Vous suivez toujours ? ^^). C’est comme si Alonzo affirmait qu’il ne voulait pas être un homme (et en effet, c’est plus un monstre qu’un homme). Sa décision de se faire couper les bras relève du même problème. Paradoxalement, Alonzo espère séduire Nanon en renonçant à ce qui fait de lui un homme. En fait, Nanon comme Alonzo ont peur du sexe au début de cette histoire mais leur trajectoire va être différente. Nanon va comprendre auprès d’un vrai homme (Malabar est l’ « Hercule » du cirque où travaillent tous les personnages, il est donc l’homme viril par excellence) que l’amour et le sexe ne sont pas de mauvaises choses.
Alonzo, lui, ayant abandonné tout ce qui fait de lui un homme, va alors chercher à se venger de Malabar. Et pour cela, il veut que, comme lui, Malabar perde ses bras, puisque c’est ce qui plait maintenant à Nanon. Il refuse qu'un autre homme que lui possède Nanon. Or, Nanon et Malabar ont mis au point un numéro de cirque très dangereux. Malabar est accroché par les mains à deux chevaux qui galopent sur un tapis roulant (c'est ce que vous voyez sur la photo). Alonzo, qui veut se venger de son rival n’a alors qu’à abaisser un levier qui fait fonctionner les tapis roulant pour que Malabar soit finalement écartelé. On peut se demander pourquoi Nanon et Malabar ont décidé d’effectuer un numéro de cirque si dangereux : Nanon serait-elle désormais si sure de la virilité de son homme qu’elle pense que rien ne pourra la détruire ? Heureusement, pour Malabar et Nanon, tout finira bien et ce méchant Alonzo mourra comme il se doit. ^^
Voilà. J’ai fini. Je vous félicite si vous avez eu le courage de tout lire. Je pensais faire plus court : seulement, je me rend compte que comme quand je parle, je ne sais pas faire court -_-. Je suis vraiment une bavarde dans l’âme même quand j’écris. Mais bon, c’est comme ça qu’on m’aime, non ^^ ? N’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de mon analyse. Et si vous n’avez pas vu le film, dîtes moi quand même si j’ai été assez claire ou si je suis trop embrouillée. Et veuillez pardonner mes tics de prépa qui font que j’abuse des « en effet, donc, par conséquent »… Au moins, je vous ai épargné le « nous » de majesté : c’est déjà ça !