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Lettre de la Lise
31 mars 2009

Ne touchez pas la hache.

Bonjour à tous et à toutes!

Ce week-end, avec quatorze autres personnes, j'ai participé à un stage organisé par Le forum des images : Écrire sur les films. Samedi après-midi, nous nous sommes retrouvés au forum pour voir un "film surprise", dont nous ignorons tout. A 14h30, fin du suspense et début de la projection de Ne touchez pas la hache de Jacques Rivette. Le choix du film était judicieux: seules trois personnes l'avaient déjà vu. Pour les autres, moi y compris, ce fut une véritable découverte. A la fin de la projection, nous donnons chacun notre avis sur le film. Pour ma part, je l'ai bien aimé, mais sans plus. Comme beaucoup de stagiaires,  je n'ai pas été bouleversée par ce film. Mais, il est très riche et il y a donc beaucoup de choses à en dire.

Le lendemain matin, les choses sérieuses commencent: c'est aujourd'hui que nous devons chacun écrire une critique du film. Marie-Anne Guerin, critique de cinéma et responsable du stage, est là pour nous aider. C'est un véritable défi pour moi car je n'ai pas l'habitude d'écrire sur des films que je n'ai vu qu'une fois et qui ne m'ont pas beaucoup plu. Je me mets donc au travail. Je commence à noircir des pages et des pages (j'ai envie de dire TOUT ce qui me paraît intéressant dans ce film), avant d'aller voir Marie-Anne Guérin et de lui montrer le début de ma critique. Elle me donne de très bons conseils: ma critique doit suivre UNE ligne directrice et être fluide; je dois m'appuyer sur des scènes du film, tout en prenant garde à ne pas dévoiler l'histoire au lecteur... Les autres stagiaires à qui je lis ma critique me donnent, eux aussi, de très bons conseils.

Je réécris ma critique en gardant en tête tous ces conseils qui m'ont été donné. A la fin de la journée, ma critique est finie. Néanmoins, j'éprouve une certaine frustration: il m'a fallut m'en tenir à une idée alors que j'en avais plein d'autres. En outre, ma critique est très courte car j'ai essayé d'être synthétique. Mais je suis contente de moi. J'ai du écrire en me pliant à des règles et je pense qu'il n'y a rien de plus formateur: si j'étais critique, il me faudrait bien respecter les exigences de la rédaction pour laquelle je travaillerais. En outre, tous les conseils que m'a donné Marie-Anne Guérin me permettront, je pense, d'écrire de meilleures critiques.

Ne_touchez_pas_la_hache___AfficheVoici donc ma critique de Ne touchez pas la hache:

Le monde comme une prison

"Les premiers plans de Ne touchez pas la hache de Rivette, adaptation de La duchesse de Langeais de Balzac, nous montre un couvent sans âge orné d'antiques colonnes et de vieilles mosaïques. Un premier intertitre nous a indiqué que l'action se passe en 1823: pourtant, ce bâtiment ne semble pas daté du XIX ème siècle. Ce lieu sans âge et sans âme, où l'on entend rien d'autre que le cri des mouettes et le chant des religieuses, cet habitacle isolé et planté sur le sommet d'une falaise est un lieu de mort. C'est ici que l'on voit pour la première fois nos deux héros: La duchesse de Langeais (Jeanne Balibar) et le marquis de Montrivau (Guillaume Depardieu). Un intertitre nous ramène alors cinq ans plus tôt dans les salons parisiens du Ier Empire. Ici, se réunit la crème de la société aristocratique, qui ne se soucie plus autant des convenances que sous l'Ancien Régime. Ainsi, quand la duchesse, pourtant mariée, fait stationner sa calèche devant la demeure de son amant le marquis, sa tante ne crie pas au scandale mais se contente de déclarer avec légèreté qu'il n'y a là rien de compromettant et qu'il est encore possible de sauvegarder les apparences. Les convenances ne sont jamais un réel obstacle à l'amour de nos deux héros. Certes, la duchesse est mariée mais son époux est curieusement absent du film. En réalité, elle se sert des convenances comme d'un prétexte pour inciter à la prudence son amant trop empressé. Elle l'invite à des heures indues puis le presse de partir dès qu'elle se lasse de sa compagnie sous prétexte des "qu'en dira t-on?".La sphère dans laquelle évolue notre héroïne forme une petite société, presque une "société famille": son père, son oncle et sa tante en font ainsi partie. Cette sphère est cependant aussi froide qu'un couvent. On y parle, on y danse. Pourtant, là aussi, le silence semble de mise. On entend à peine la musique des bals, on y converse peu et chaque parole semble étudiée. Souvent la caméra ne cadre qu'un ou deux personnages: on se sent désespérément seul dans cet univers confiné. C'est un monde fermé comme l'est le couvent du début. Toujours des portes, des rideaux et des grilles empêchent le marquis d'approcher immédiatement la duchesse. Au couvent, Montrivau ne peut s'adresser à sa maitresse qu'à travers une grille, jusqu'à ce que les rideaux se ferment et interdisent alors aux deux amants de se voir et de se parler. Paris n'existe pas: on n'en voit que les intérieurs des appartements privés, qui semblent communiquer les uns avec les autres comme s'ils formaient un immense labyrinthe. Quand le marquis ramène la duchesse de chez lui à la salle de bal qu'elle avait quittée, ils traversent de grands corridors, montent et descendent des escaliers pour enfin parvenir à cette salle comme si elle se trouvait dans la même demeure que les appartements du marquis. Antoinette de Langeais et Armand de Montrivau ne quitteront cette prison que pour en rejoindre une autre: celle du couvent. Cet emprisonnement continuel est-il celui  de leurs cœurs,enchainés par le désir amoureux? Ou bien une sorte de fatalité, qui ne permet aux deux amants ni de se voir facilement ni de se séparer définitivement? Ou alors symbolise t-il ces deux rocs  (la société et la religion) que nos héros doivent escalader pour pouvoir se rejoindre? La réponse n'est pas évidente. Seule certitude: on peut sortir de cet univers carcéral. Le film s'achève sur cette image de la mer qui s'étend à perte de vue et offre la promesse de nouveaux horizons..."

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Commentaires
P
Bravo, rien à redire. C'est à mon avis une très bonne critique ^^<br /> Il est vrai qu'il est frustrant de devoir synthétiser alors que l'on aimerait dire tout ce que l'on pense, mais je pense que cet exercice est extrêmement bénéfique: <br /> - il permet de délivrer une pensée claire, et donc didactique, au lecteur<br /> - il permet de hiérarchiser nos idées, et donc permet, par un travail introspectif, de voir ce qui nous a le plus marqué ou non dans un film<br /> - et il permet au fond de pouvoir résumer l'idée principale d'un film, LE message essentiel véhiculé par le film
Lettre de la Lise
  • Bienvenue dans mon humble demeure. Je parlerai dans ce blog de choses et d'autres, je vous ferai partager mes coups de cœurs littéraires et cinématographiques et mes propres textes. Mais,à l'image de Montaigne, c'est toujours moi que je peins...
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