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Lettre de la Lise
23 janvier 2009

Hubert Selby Junior

Assez parlé cinéma, place à la littérature !

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’un INCROYABLE écrivain américain que j’ai découvert cet été : Hubert Selby. C’est peu dire que son œuvre m’a bouleversé : Last Exil to Brooklyn m’a donné la nausée, Waiting Period et Le Saule (que je suis actuellement en train de lire) m’ont fait verser des larmes à n’en plus finir… Bref, vous l’aurez compris : on ne sort pas indemne de la lecture de tels livres.

cubby1989Hubert Selby a énormément souffert durant toute sa vie. Il est né à Brooklyn en 1928. A 16 ans, il souhaite s’engager dans la marine. Malheureusement pour lui, il doit y renoncer : il est atteint de la tuberculose. Il est alors hospitalisé durant quatre longues années (de 1946 à 1950). Sa mauvaise santé l’empêchant de mener une vie normale, il décide alors de se mettre à écrire car il estime que c’est la seule chose qu’il sait et peut faire. En 1964, paraît son premier roman Last Exil to Brooklyn, qui connait un succès retentissant. Peu après, Hubert Selby devient dépendant à l’héroïne. Sa toxicomanie le conduira en prison. Il sera également à plusieurs reprises interné en hôpital psychiatrique. Il meurt en 2004.

En tout, il a écrit 5 romans et 2 recueils de nouvelles : Last exil to Brooklyn en 1964, La Geôle en 1971, Le Démon en 1976, Requiem for a dream (bizarrement traduit en français par Retour à Brooklyn -_-) en 1978, Chanson de la neige silencieuse en 1986, Le Saule en 1998, et Waiting Period en 2002 (ce dernier livre n’ayant pas été publié aux Etats-Unis mais ayant cependant été publié et traduit en France). Je ne les ai pas encore tous lus : je suis actuellement en train de finir Le Saule, et après je me plongerais dans Chanson de la neige silencieuse et La Geôle. Deux de ses livres ont été adaptés au cinéma : Requiem for a Dream par Darren Aronofsky en 2000 et Last Exit to Brooklyn par Uli Edel en 1989.

Hubert Selby est un homme qui a énormément souffert durant sa vie et cette souffrance rejaillit dans ses livres. Les ouvrages d’Hubert Selby parlent de cette face sombre de l’Amérique que l’on refuse de voir : ces quartiers du Bronx ou de Brooklyn, marqués par la violence et la pauvreté. Ses héros sont des marginaux, drogués, prostitué(e)s, meurtriers... Ce sont tous des « minables » (des « loosers » si vous préférez -_-), souvent méchants, violents, stupides et pourtant, on est très vite pris de compassion pour eux car on comprend que c’est le milieu dans lequel ils vivent qui les a rendu ainsi. Ils sont pris dans un cercle infernal d’où ils ne peuvent sortir. Ils n’ont plus foi dans la vie, plus foi en Dieu et personne n’est auprès d’eux pour leur redonner espoir : ils sont souvent désespérément seuls.

arton65En lisant ces livres, j’ai eu l’impression qu’Hubert Selby avait perdu toute foi en la religion chrétienne. En effet, trois de ses livres (Requiem for a dream, le Démon et Last Exil to Brooklyn) s’ouvrent sur une citation biblique qui semble horriblement cynique quand on la replace dans le contexte de l’histoire racontée par Selby. Ainsi, Le Démon, qui raconte l’histoire d’un homme qui doit sans cesse lutter contre son penchant à faire le mal, s’ouvre sur cet extrait de l’Epître de Saint Jacques : « Heureux homme, celui qui supporte l’épreuve ! ». Les héros de Selby implorent souvent ce Dieu, désespérément absent. Comble du cynisme de Selby : dans Waiting Period (livre dédié à l’Inquisition !), la présence de Dieu est explicite. Mais c’est un Dieu, complètement passif, qui s’oppose totalement à la figure ordinaire du Père des Cieux : il est heureux de voir un homme reprendre goût à la vie, même si pour cela cet homme en tue d’autre. Un Dieu cynique mais aimant : c’est ainsi qu’apparait finalement Hubert Selby dans toute son œuvre…


Une œuvre portée par un style extraordinaire. On a parfois dit de Selby qu’il était le« Céline américain ». Son style se caractérise par une mise en page très particulière, des phrases très longues et très hachées (les propositions s’accumulent), le recours à des registres de langues très opposés, l’entremêlas constant des phases de narration et des dialogues et l’alternance de narrations à la troisième et à la première personne. Les livres de Selby sont difficiles à lire non seulement parce qu’ils traitent de sujets très durs mais aussi à cause de ce style très particulier qui en rend la lecture si ardue. Néanmoins, je ne peux que vous incitez à plonger dans l’œuvre de cet écrivain exceptionnel : vous verrez, vous n’en sortirez pas indemnes…

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce grand écrivain je ne peux que vous encourager à lire cette interview d’Hubert Selby. De toutes façons, de mon côté, je n’en reste pas là : plus tard, je vous parlerais plus en détails de Last Exil For Brooklyn, du Démon et du Saule, qui sont pour moi les trois meilleurs livre de cet écrivain.

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Commentaires
M
Merci beaucoup pour votre article. J'ai déjà vu "Requiem For A Dream" le film. J'ai hate de lire le roman, ainsi que "Last Exil To Brooklyn".<br /> <br /> Merci encore ! ^^
Lettre de la Lise
  • Bienvenue dans mon humble demeure. Je parlerai dans ce blog de choses et d'autres, je vous ferai partager mes coups de cœurs littéraires et cinématographiques et mes propres textes. Mais,à l'image de Montaigne, c'est toujours moi que je peins...
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